Mars 2023

Revenir à l'essentiel pour mieux vivre et mieux respirer

Getting back to basics to live and breathe better

Photographie

Chanel Sabourin

Texte

Halina Torresan


Les déménagements, c’est loin d’être ma tasse de thé. J’ai beaucoup déménagé quand j’étais petite et, ironiquement, en vieillissant, mes différents choix de vie m’ont amenée à déménager de plus belle, encore et encore. L’idée de me déplacer d’un endroit à un autre (avec toujours plus de choses que la fois d’avant) a commencé à me paraître de plus en plus futile. Emballer sa vie dans des boîtes qui finiront au fond de différents placards, quel intérêt en fait?


C’est sans doute pour cette raison que j’adore voyager léger, en particulier sur mon vélo. Un sac à cosmétiques, quelques t-shirts et un manteau; la vie peut être si simple au fond! C’est justement en réalisant l’effet positif de ne transporter que l’essentiel à vélo que j’ai cherché à faire de même dans d’autres sphères de ma vie. Mais comment transposer ce sentiment une fois à la maison?

Les joies de voyager léger

Photo prise devant le café Yo&Co à Ville-Émard, juste avant mon départ pour un séjour de quatre nuits en mode vélo/sac à dos dans le Vermont

Il est difficile d’exprimer le sentiment de liberté qui m’habite lorsque je transporte littéralement toute ma vie sur deux roues ou que je pars en voyage avec une seule valise. Avoir moins d'options nous facilite grandement la vie, et ce, à bien des égards. Pas besoin d’hésiter entre deux tenues à porter ni de chercher pendant des heures ce petit accessoire qu’on était pourtant sûrs d’avoir rangé quelque part. Même cuisiner est plus simple lorsqu’on dispose d'un espace limité pour ranger ses ustensiles et outils de cuisine.

Pour moi, la joie que m'apporte le fait de voyager léger est le signe que j’ai trop de possessions, et donc trop de choix à faire au quotidien. C'est lorsque j'ai eu cette prise de conscience que le minimalisme a commencé à m’interpeller de plus en plus. Fermez les yeux et repensez à votre dernier séjour à l'hôtel, où rien dans la chambre ne vous appartenait sauf votre valise. Où il n'y avait rien pour vous distraire. Repensez à vos promenades dans le quartier, à cette sensation de légèreté qui vous habitait tandis que vous marchiez avec seulement quelques possessions et la possibilité d'aller où vous en aviez envie. Si ce sentiment vous semble familier, c’est que vous avez probablement déjà expérimenté l'état d'esprit vers lequel tend le minimalisme.

Le minimalisme : faire de l'espace pour mieux vivre et respirer

« Minimalisme », le mot me trotte dans la tête depuis plusieurs années déjà. C'est un concept qui me plaît pour la même raison que j'aime ouvrir un tiroir qui contient encore de l’espace de rangement : le vide a un effet apaisant sur moi. N’allez toutefois pas croire que tout est parfaitement organisé et étiqueté dans ma maison – ce n'est tout simplement pas viable pour moi –, mais j'ai quand même réussi à y incorporer cette idée d'espace qui me tient tant à cœur. (Je vous expliquerai plus tard comment je m’y suis prise.)

Dans l'un de mes livres préférés sur le minimalisme intitulé Goodbye, Things, l'auteur Fumio Sasaki nous partage son expérience personnelle et nous explique comment le fait de nous détacher de nos possessions nous permet de nous sentir plus libres et plus heureux. Il raconte d’ailleurs avoir décidé de créer des albums photo en ligne pour y répertorier tous ses objets préférés avant de s’en défaire afin d’en garder tout de même un souvenir et d’y avoir accès en cas de crise de nostalgie.

Je ne suis pas sûre d'être prête à aller aussi loin que lui, mais j’ai réalisé qu’en fermant les yeux et en pensant aux choses que je serais triste de perdre, je n’en vois que très peu, et que ce sont toutes des choses qui me rappellent des gens que j'aime. Prêtez-vous au jeu : visualisez les choses qui vous sont les plus chères et qui ont le plus de valeur pour vous. Après tout, en cas d’apocalypse, on ne devrait vouloir prendre que 3 ou 4 objets avec nous!

Déménager : une belle occasion de repartir à neuf

Mon dernier déménagement remonte à 2022, lorsque j’ai emménagé dans un petit condo que j'avais avant tout choisi pour son emplacement et son charme. Je me suis ainsi inscrite à contre-courant de la tendance qui veut que l’on déménage toujours dans plus grand en vieillissant, puisque ce nouvel endroit était plus petit que celui où j’habitais auparavant. J’ai donc dû repenser mes possessions en termes d’espace disponible et me fixer certaines limites qui me permettraient de me sentir en paix dans mon nouveau logement. En ma qualité de déménageuse expérimentée, j’envisage chaque déplacement comme l’occasion parfaite de procéder à un grand ménage de mes affaires.

Vous aimeriez en faire autant? Voici ce que je vous propose :

En faisant vos boîtes, prenez le temps de bien examiner chaque objet que vous y placez. Et pour chaque chose dont vous ne pensez pas pouvoir vous défaire, demandez-vous si c’est parce que :

  • Cet objet vous a coûté cher?
  • Vous vous sentez coupable de le jeter?
  • Vous avez honte de ne jamais l'avoir jamais vraiment utilisé?
  • Vous vous sentez mal pour la personne qui vous l'a donné?
  • Vous avez l'impression de vous débarrasser d'un bon souvenir auquel il est rattaché?
  • Votre vanité vous empêche de vous séparer de quoi que ce soit?
  • Ça vous paraît plus simple de le garder?

Si vous répondez « oui » à l'une de ces questions, Fumio vous suggère de vous demander si cet objet vaut vraiment la peine d’être transporté dans votre nouvelle demeure.

Mais inutile d'attendre votre prochain déménagement pour mettre cet exercice en pratique; prêtez-vous au jeu chaque fois que vous souhaitez repartir à neuf!

La méthode 1 dedans /1 dehors

Bon, maintenant que vous avez fait le tri de toutes vos possessions, il faut vous fixer des règles pour vous assurer de ne pas recommencer à en accumuler. La seule stratégie qui s’est avérée vraiment efficace pour moi est une méthode que l’auteur appelle : 1 dedans/1 dehors.

Le principe est simple : chaque fois que vous faites entrer un nouvel objet dans votre maison, vous devez en faire sortir un autre. C’est aussi simple que ça!

Exemple n° 1 : Vous vous achetez une nouvelle paire de chaussures, alors vous vous débarrassez d'une vieille paire de souliers que vous ne gardiez que pour les travaux de peinture.

Exemple n° 2 : Vous vous achetez un nouveau manteau d'hiver, alors vous donnez ou vendez un vieux manteau qui ne vous va plus.

Notez toutefois que cette règle ne s'applique qu'aux objets d’une même catégorie : ainsi, si vous achetez une nouvelle télévision, vous ne pouvez pas choisir de vous débarrasser d'une simple tasse à café!

J’ai également découvert, grâce à Fumio Sasaki, que nous avons souvent tendance à accorder une trop grande valeur monétaire aux choses que nous possédons. Par exemple : « J'ai payé 400 $ pour ce manteau d’hiver il y a cinq ans, alors je ne peux pas le vendre à quelqu'un pour seulement 40 $. » OUI, VOUS LE POUVEZ. C'est d’ailleurs une bien meilleure option que de le laisser mourir tristement au fond de votre garde-robe. Cela dit, je sais que c’est parfois plus facile à dire qu’à faire, et je suis très consciente que mon mode de vie me rattrape de temps en temps et m’empêche de suivre cette règle à la lettre. Pour réussir à limiter ses possessions, il faut savoir faire preuve de beaucoup de lâcher-prise. Mais il faut aussi demeurer réaliste et accepter que certaines passions ou certains passe-temps puissent rendre l’exercice particulièrement complexe (je salue ici tous.tes mes ami.e.s passionné.e.s de vélo). Je crois donc que la clé du succès est d’être conscient de ses propres limites et de concentrer ses efforts de minimalisme là où c’est pertinent.

Pour m’aider à me départir de mes choses, j’imagine parfois qu’il s’agit d’êtres vivants. J’aime bien penser, par exemple, qu’un vélo qui accumule la poussière dans mon garage serait bien plus heureux au grand air, sur la route, ou que mon manteau d’hiver préférerait largement se sentir utile en tenant quelqu’un au chaud. En gros, pour moi, les objets sont faits pour être utilisés, et non pour être emmagasinés « au cas où ».

Prêts à vous lancer?

Une fois que vous aurez effectué un premier grand ménage, vous verrez qu’il sera beaucoup plus facile d’appliquer la méthode 1 dedans/1 dehors par la suite. Et bientôt, vous vous sentirez totalement libérés! La preuve? Voici une liste de toutes les petites choses qui me rendent heureuse au quotidien (et je suis sûre que vous vous y reconnaîtrez) :

Ouvrir un placard et y trouver des cintres non utilisés, enlever mes chaussures et pouvoir les ranger dans l’endroit qui leur est désigné, ouvrir l'armoire sous mon évier et n’y voir qu'un seul produit ménager (un nettoyant tout usage sans fragrance, bien sûr!), vider mon lave-vaisselle et tout remettre à sa place, revenir de l'épicerie et avoir assez d’espace dans le frigo pour y ranger mes condiments, ouvrir mon armoire à pharmacie et n’y voir que des choses que j'utilise réellement, etc. Vous voyez où je veux en venir?

Et on peut dire que ça tombe bien, car le printemps est à nos portes, et c’est là l’occasion idéale de repartir à neuf! Même si vous n’avez que quelques heures devant vous, dites-vous bien que c’est amplement suffisant pour remettre de l'ordre dans un placard ou une armoire. Commencez par les objets que vous possédez en plusieurs exemplaires pour vous faciliter la tâche. Vous verrez que vous n’avez pas besoin d’attendre votre prochain déménagement pour vous sentir revigorés! L'objectif est simple : trouver une méthode qui vous convient à vous et qui embellit votre quotidien!

Sur ce, bonne chance et tenez-nous au courant de vos accomplissements!