Pour le Jour de la Terre, nous avons interrogé la surfeuse, maman, créatrice de bijoux et professeure de yoga Rachel Barrett sur sa vision d'une vie pleine de sens sur terre. Entre deux brassées de lessive et des moments ludiques à l’extérieur avec sa fille Lola, nous avons engagé une conversation intime et rafraîchissante sur différents aspects de la vie dont nous avons plus que jamais besoin d'aborder ouvertement. Pour la Néo-Écossaise, le sens de la maison va bien au-delà des 4 murs. Un chez-soi, c’est Mère Nature, un endroit sûr pour nous reconnecter à nous-mêmes et enfin, un espace inclusif et solidaire.
Sur le bien-être à la maison
Nous avons emménagé dans notre maison juste avant la pandémie. J'étais dans les premières semaines de grossesse en tant que maman pour la première fois et la vie est soudainement devenue si chaotique et hors de notre contrôle à ce moment-là. Devant le tourbillon de l’inconnu et les peurs anxiogènes qui s'ensuivent, j'en suis venue à concentrer mon énergie mentale sur ce que je pouvais contrôler : dédier des parcelles de notre petit espace pour créer un studio de yoga en ligne, une salle de sport à domicile et un bureau pour travailler à distance, tout en explorant la présence à soi et aux autres. Tranquillement, notre véranda s'est transformée en une petite serre intérieure de plantes que je duplique et partage avec mon entourage. C'est doux et agréable de voir ces petits éléments de vie fleurir pendant l'hiver et de bénéficier des nuances de vert pour nous vivifier le moral. J'apprécie également les messages que les plantes d'intérieur nous rappellent : la croissance a beau être lente et subtile, elle s’opère sous nos yeux. Il y a quelque chose de sain quand je mets mes mains dans la terre, surtout pendant les saisons froides, c'est devenu un rituel et une méditation en soi. Enfin, pour moi, la maison est un espace sûr pour se rassembler qui nourrit toutes les habitudes qui nous relient à nous-mêmes et les uns aux autres.
Sur la quête de l’équilibre
En tant que pigiste et maman à temps plein, nos rythmes à la maison changent constamment. Je travaille actuellement sur de futures retraites de yoga et je finalise quelques projets d'écriture. Je ris en disant cela, mais c'est toujours une sorte de mission pour tirer le meilleur parti de chaque minute de la sieste de Lola. C’est le temps pour moi de consulter mes e-mails, de terminer une commande de bijoux ou de reprendre le dessus sur les tâches ménagères. Parfois, je cours des sprints dans la côte de notre allée avec le moniteur pour bébé ou je fais un cours de pilates en ligne pour obtenir un regain d'énergie rapide avant la prochaine brassée de lessive. Le soir, quand mon partenaire rentre à la maison, je regarde les prévisions de surf et part surfer s'il y a des vagues.
Le surf continue de m’apporter tant d'opportunités de guérison dans ma vie. Retourner à l'océan encore et encore est un moyen de régénérer mon esprit, surtout après une journée bien remplie à courir après un tout-petit. Les premières semaines avec un bébé à la maison, en confinement, ont vraiment provoqué chez moi un intense post-partum que j’ai vécu sans « le village » dont j’aurais eu besoin. L’adage dit qu’il faut tout un village pour éduquer un enfant, et bien, c’est vrai! Je suis tellement reconnaissante d'avoir maintenant un groupe de mamans et d'amis qui me soutiennent dans la communauté qui me permettent d'explorer cet équilibre tout en normalisant que certains jours sont plus difficiles que d’autres!
Sur une relation soutenante avec la nature et la collectivité
Je ressens une appréciation plus profonde et une urgence à protéger Mère-Nature. En vivant sur la côte, on voit l’abondance des morceaux de plastique qui s'échouent sur le rivage. En parcourant les sentiers le long des marais et des ruisseaux qui se jettent dans la mer, il est évident que tout est lié!
En tant que surfeur et plongeuse, mes expériences avec l'océan ont transformé ma conscience environnementale et aussi ma vision de l'accessibilité au plein air. Tant de mes passions sont nourries ici en Nouvelle-Écosse, mais je vois aussi que nous avons un long chemin à parcourir pour permettre à plus de gens de se reconnecter à la nature et surtout à l'océan. Je suis honorée de faire partie du programme de surf de North Preston qui pousse à accroître la diversité dans le sport du surf, en particulier avec les Néo-Écossais d'origine africaine. Dans notre communauté, il existe des liens avec la nature qui, pour une multitude de raisons, ont été perdus.
J'aime aussi des organisations comme Meditation Ocean qui s'efforcent de renforcer la résilience de la communauté par le biais de méditations océaniques, notamment en faisant vivre des expériences multisensorielles de plongée méditative sur terre pour que plus de participants puissent s'y joindre. Il y a aussi Textured Waves qui met en valeur les adeptes féminines, - toutes nuances confondues - de surf et autres sports d’eau. Les femmes à la tête de l'organisation ont comme mission d’inspirer d’autres femmes à prendre l'espace qui leur revient et à briller dans ces sports et passions aquatiques.
J'attends actuellement une chirurgie de l'oreille, ce qui a élargi ma compréhension de ce que signifient l'accessibilité et l'inclusion, en particulier en ce qui concerne la nature. L'expérience personnelle est un connecteur puissant. Mon tympan me limite actuellement dans l'eau, mais combien de personnes sont physiquement limitées en allant sur la plage, ou n’ont tout simplement pas accès aux transports pour s'y rendre en premier lieu ?
Sur une profonde appréciation du moment présent
Pour le Jour de la Terre, je souhaite que chaque personne puisse prendre 5 minutes d'appréciation en nature. Même une minute ou qu’une seule respiration! Sentez le vent. Pouvez-vous voir le ciel ou entendre les oiseaux chanter dans les arbres ? Même dans un environnement urbain, pouvez-vous observer la nature pousser à travers les fissures du béton ou reprendre vie après un long hiver ?
Une pause intentionnelle est un moyen tellement puissant de se connecter à la nature. Aussi banal soit-il! Au fur et à mesure que nous devenons conscients de prendre ces pauses, nous remarquons les changements de pensées, les émotions ou les changements subtils dans la respiration, nous sommes plus en phase avec la nature qui nous entoure, mais aussi, avec nos paysages intérieurs, ses frontières et ouvertures. L'appréciation de la nature peut alors devenir quelque chose qui se produit simplement et tout le temps sans que vous ayez à y penser. La nature devient une priorité, qu'elle soit grande ou petite. J'adore voir à quel point le simple fait de le remarquer au fil du temps peut transformer notre attention de manière nouvelle et inimaginable. Nous remarquons comment le temps dans la nature nous fait ressentir. Comment on dort mieux après une journée en plein air. En tant que nouvelle maman, aussi souvent que possible, je me promène à la plage, avec mon bébé sur la poitrine qui somnole dans son écharpe au son des vagues. Les sons apaisants de la nature pourraient avoir le même effet sur nous, adultes préoccupés, si seulement, nous nous laissions faire.
Sur la transmission des valeurs
J'ai grandi avec ma mère qui s'occupait d'un grand jardin dans la cour. Enfant, mon frère s'endormait dans le champ de menthe, alors qu’il grignotait des petits morceaux de feuilles mentholées. Nous allions cueillir des mûres sauvages, ensemble, chez ma grand-mère. Je souhaite que ma fille entretienne cette proximité aux merveilles de la nature et le souci des uns des autres. Elle dégustera des aliments fraîchement cueillis dans le jardin et fera pousser des fleurs et des souvenirs dans la cour.
Ma grand-mère aura 95 ans dans quelques semaines et alors que je suis assise avec elle, ma mère et ma fille, l'avenir me semble radieux. Enfin, j'espère que Lola se verra accueillir le côté doux et sauvage de la nature, explorera, rêvera et embrassera le potentiel d'un monde meilleur un moment à la fois.
Rachel Barrett (@luminousandwild) enseigne le Vinyasa, le Hatha Yoga, la pratique de la pleine conscience auprès des touts petits et le Qi Gong. Compositrice, elle apporte parfois sa guitare en classe pour créer des rythmes qui facilitent, avec aisance, la mouvance et la respiration consciente. Pour la nouveau-brunswickoise d’origine, aujourd’hui établie en Nouvelle-Écosse, la pratique du mouvement se doit d’être accessible à tous.